mercredi, février 24, 2010

Réaction à la réflexion d’un stagiaire

Pour ma part, je ne crois pas que la communication par courriel soit à prohiber. Dernièrement, nous voulions, mon enseignante-associée et moi, faire remplir une fiche (dans un document texte) à l’ordinateur, par les élèves. Nous nous interrogions beaucoup sur la meilleure manière de conserver une mise en forme standard. La solution trouvée fut d’envoyer le modèle de fiche à remplir à tous les élèves, qu’ils auront à remplir directement sur ordinateur. Dans ce cas-ci, ça avantage aussi la correction du travail, puisque le moyen oblige une uniformité dans toutes les présentations. Le travail final sera aussi à me remettre par courriel, pendant la semaine de relâche (ce permet une certaine flexibilité dans l’organisation du travail : la mienne, ou celle des élèves).

De plus, comme nous demandons couramment de remettre les travaux tapés, il est arrivé que certains élèves aient des difficultés à faire imprimer leurs travaux (coût, absence d’imprimante, etc.). Je permets maintenant la remise des travaux par courriel (ce qui simplifie la tâche pour certains). Toutefois, j’ai bien imposé mes limites : remise la veille avant 21h.

Un ami a aussi tenté une expérience blogue avec ses élèves. Il évaluait les commentaires face à certains enjeux. La participation était excellente. Il partageait aussi une part de découvertes web ou des liens sur l’actualité, ce qui m’apparaît pertinent. Il a maintenant migré vers facebook. Il y tient deux profils : un personnel, limité à ses proches; l’autre professionnel, ouvert à toute une communauté d’apprentissage. Il se sert des mêmes outils pour inviter les élèves à commenter des enjeux et à débattre de certains sujets. Participation et motivation sont tout autant au rendez-vous. Certains sujets ont eu plus de 200 commentaires, emplis de débats enflammés et pertinents! Je crois donc qu’il est plus facile pour les jeunes d’apprendre avec des outils qui leur plaisent.

À propos de facebook, une des enseignantes de La Voie m’a aussi confiée qu’elle était amie avec ses élèves. Ils lui écrivent assez fréquemment pour avoir des précisions sur la matière ou encore pour avoir un rappel des devoirs à remettre.

Toutefois, je crois que sur certains outils, il est essentiel de départager vie privée et professionnelle. De plus en plus, certains parlent d’identité numérique. Nous projetons une image sur la toile. Elle est accessible par tous, mais souvent, on en reste inconscient. Or, les temps changent et les employeurs, par exemple, consultent maintenant les engins de recherche pour mieux cerner les candidats. Cela vaut autant pour l’enseignant que les élèves. Il faut donc enseigner aux apprenants à avoir une bonne réputation en ligne et, de notre côté, conserver une identité positive sur Internet. (d’autres détails sur l’identité numérique ici) Par exemple, j’étais très étonnée que plusieurs ne connaissent pas le site ratemyteacher . Les élèves y commentent leurs enseignants et y notent la qualité de l’enseignement. Pour ma part, contrairement à d’autres, je suis en faveur d’une rétroaction sur l’enseignement donnée par les élèves. Par contre, je crois que plusieurs aimeraient savoir qu’elle existe et qu’elle est beaucoup plus accessible qu’on ne le pense (et parfois qu’on ne le souhaiterait). Pour éviter tout débordement, il faut donc être aussi à l’affût que les élèves.

Du reste, il ne faut pas oublier que les compétences en TIC sont maintenant affaire d’aujourd’hui. Si la plupart des élèves se débrouillent assez bien, il m’est arrivé de voir pendant mon stage 1 des élèves qui ne savaient pas comment écrire avec un clavier, reconnaître les accents, trouver les espaces, etc. De plus en plus d’experts considèrent que dorénavant, le manque de compétences informatiques sera une nouvelle forme d’analphabétisme. C’est notre devoir de bien outiller les élèves pour l’avenir. Aussi, je ressens souvent un certain jugement des élèves face aux enseignants qui en savent peu sur les TICs. Pour conserver son autorité, il faut démontrer une forme d’avant-gardisme – ou du moins d’actualité - à cet égard. Il ne faut pas oublier qu’une faiblesse de l’enseignant se traduit parfois par une baisse de son autorité, chose peu souhaitable.

Mais, pour en revenir au sujet principal, peut-être faudra-t-il bientôt repenser la place elle-même du courriel. L’outil existe depuis 1965 et est maintenant utilisé – étrangement – par « l’ancienne génération ». C’était du moins ce qu’on en disait pendant la conférence CLAIR 2010 (je n’étais pas présente, mais j’ai suivi le tout depuis twitter et le skype d’Alexandre!). Chez les jeunes, le web se veut maintenant social et instantané, d’où des outils comme facebook ou des logiciels de clavardage. C’est ce qu’on appelle le web 2.0. Et peut-être que ce dernier deviendra aussi archaïque. J’avais déjà blogué à ce sujet, mais le futur du web se jouera probablement dans l’organisation des intelligences, dans l’interconnectivité. Dans ce domaine, l’enseignement des compétences et/ou savoir-faire (qu’on le renie ou non), de la métacognition particulièrement technologique (tout change rapidement, il faut savoir s’adapter à tout type de médium), de la créativité (pour éviter la répétition, les gagnants seront ceux qui se démarquent) et de l’esprit de synthèse et d’analyse (savoir comprendre, regrouper et trier les informations pertinentes dans une mer de stimulis) seront peut-être des outils bien précieux pour les générations actuelles et futures.